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Run reflexion #1 - avec Hunter S. Thompson

  • Photo du rédacteur: Antoine Au-Job
    Antoine Au-Job
  • 28 sept. 2024
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 oct. 2024

Toute les citations sont tirées du livre Le Marathon d'Honolulu de Hunter S. Thompson.


J'ai beaucoup lu HST durant mes années de fac. Las Vegas Parano, Hell's Angels, Rhum Express. Des classiques. Le Marathon d'Honolulu est dans la même veine, le prolongement. La première fois que j'ai feuilleté ce livre, j'étais tranquillement posé sur mon canapé et je lisais quelques pages entre deux bières. Les années passant, j'avais oublié ce bouquin au fond d'une armoire où j'avais entassé un bon nombre d'objets sans vraiment savoir pourquoi. Et puis, il y a quelques semaines, je retombe dessus par hasard. Entre temps, mon mode de vie à drastiquement changé. Inévitablement ? Peut-être que oui. Peut-être que non. Vaste question et sujet épineux. Bref, je disais donc, je retombe sur ce livre. Je retrouve mon bon vieux HST qui - derrière un style déjanté, brut et sans fioritures - décortique subtilement les aléas de son temps et pose des questions profondes sur la nature humaine.

Pourquoi ces couillons courent-ils ? Pourquoi se punissent-ils de manière si brutale, sans le moindre prix à la clé ? Quel est donc cet instinct taré qui pousse huit mille individus à priori censés à se lever à quatre heures du matin pour arpenter à grande vitesse les rues (...) sur 42 kilomètres pète-couilles dans une course que moins d'une douzaine d'entre eux ont la moindre chance de gagner ?

En effet. L'angle d'attaque est bon.

Surement, chacun à ses propres raisons.

Quelles sont les miennes ? Pourquoi, tout d'un coup, je me suis mis à courir ? Et dans quel but ?

Questions intéressantes.

J'ai toujours mieux réfléchi par écrit, en posant les mots sur une feuille. Cela me donne un temps de réflexion. Un temps de recul nécessaire pour répondre de manière la plus précise et la plus pertinente possible.

D'où l'idée de ce nouveau format d'article, les Run reflexion.

Une manière pour moi de m'exprimer et de comprendre, de mieux me comprendre.

J'entame donc ici, avec ce Run reflexion numéro 1 une introspection globale sur moi-même, une thérapie de groupe en solitaire, une analyse détaillé de l'animal.


HST, quant-à lui, est à Honolulu pour couvrir le marathon. Nous sommes en 1980, mais la faune des runners sauvages qu'il y découvre est resté inchangée. Et à même envahi le monde depuis.

Nous arrivâmes au rassemblement sur le coup de quatre heures du matin - deux heures avant le départ, mais sur place, c'était déjà la folie pure. Apparement la moitié des participants n'avaient pas dormi de la nuit, incapable de fermer l'œil, et trop à cran pour discuter. L'air ambiant empestait la Vaseline et les excréments humains. À cinq heures, d'immense files s'étaient formées devant la rangée de W-C chimiques installés par Doc Scaff et son équipe. La diarrhée d'avant course est un cauchemar classique à chaque marathon, et Honolulu ne faisait pas exception. Les bonnes raisons de renoncer à un marathon ne manquent pas, mais le dérangement intestinal n'en est pas une. L'idée est de quitter la ligne de départ le bide rempli de bière et autres carburants économiques qui seront brûlés très rapidement... Des glucides. pas de viande. Les protéines se consument trop lentement pour ces gens. Il leur faut de l'amidon. Leurs estomacs barattent comme des bombes enfoncées dans des carcasses de rats et leurs cerveaux sont gorgés de trouille. Finiront-ils ? Telle est la question. Ils le veulent, ce tee-shirt "Finisher". Gagner est hors de question pour tous, à l'exception d'une poignée (...), ceux qui arboraient un petit numéro de dossard ; et ils seraient parmi les premiers à quitter la ligne de départ. Les autres, les participants - ceux qui avaient des numéros à quatre chiffres - étaient alignés en rangs derrière les athlètes, et eux, il leur faudrait attendre un bon moment avant de partir.

Les vagues de départ, tu connais.

Est-ce que tous les marathoniens peuvent être considéré comme des sportifs ? Ou juste les Elites ?

Faut-il courir un marathon sous les 3h pour être véritablement un marathonien ?

Des questions fortes intéressantes à se poser à 20h, un samedi soir dans un appartement du centre-ville de Clermont-Ferrand.

Les athlètes courent tout en souplesse leur foulée est réglée au millimètre, comme un moteur rotatif Wankel. Pas la moindre énergie gâchée, ils ne bataillent pas contre la chaussée, aucun claquement lourdingue comme celui des vulgaires joggeurs. Ces gens-là coulent avec fluidité, ils flottent, et ils flottent rudement vite. Les simple participants, c'est autre chose. Très peu flottent avec fluidité, et peu nombreux sont ceux qui courent vite. Et plus ils sont lents plus ils font du boucan. Lorsque les dossards à quatre chiffres passèrent, la course fut bruyante au point d'en être dérangeante, et désorganisée. Le chuintement élégant des athlètes avait dégénéré en un infernal bouillon de pieds qui frappaient et cognaient sur le macadam.

Ça s'est bien vrai. Parfois même, si on ferme les yeux, on se croirait en pleine fête de la musique derrière les percussionnistes en feu de Sambagogo sur la place de Jaude.

Duncan MacDonald, un gars du cru ayant déjà remporté deux fois la course, avait pris la tête aux alentours du kilomètre 24, et il avait tellement d'avance que pour ne pas remporter la course, il aurait fallu qu'il se casse la figure - ce qui était peu probable, en dépit de sa réputation de franc-tireur et de son dédain bon enfant pour les habitudes traditionnelles d'entraînement. Même soûl, il était un athlète de classe mondiale, et un type dur à rattraper pour quiconque, dès lors qu'il passait en tête. Il n'y avait personne à ses côtés au kilomètre 38 (...) et lorsqu'il dévala la longue pente de Diamond Head, entouré de flics à moto, comme le vainqueur de la course hippique du Derby du Kentucky dans la ligne droite de Churchill Downs, on aurait dit qu'il mesurait plus de trois mètres de haut. "Doux Jésus", marmonna Skinner. "Regarde-le courir, l'enfoiré." Même Ralph était impressionné. "C'est magnifique", dit-il calmement, "cet homme est vraiment un athlète." Ce qui était vrai. C'était comme regarder Magic Johnson trouver une ouverture ou Walter Payton réussir une feinte. Un coureur en pleine foulée c'est un spectacle d'une grande élégance. Et pour la première fois de la semaine il m'a semblé saisir quelque chose du business de la course à pied ; à cet instant, il fut difficile d'imaginer quoi que ce soit capable de rattraper Duncan MacDonald ; et il n'était même pas essoufflé.

Duncan MacDonald, on valide ce gars.

Le marathon, comme le golf, est un sport où il s'agit moins de gagner que de participer. Voilà pourquoi Wilson vend des club de golf et Nike des chaussures de course à pied. Les années (après) 1980 ne seront pas favorables aux jeux faisant exclusivement la part aux vainqueurs (...). Le concept de victoire par la défaite a déjà commencé à prendre racine, et beaucoup de gens considèrent que cela se tient. Le marathon d'Honolulu fut une belle démonstration de la Nouvelle Éthique. La récompense principale dans cette course était un tee-shirt gris pour chacun des quatre mille "finishers". C'était le test, et les seuls qui ont échoué sont ceux qui ont abandonné. Il n'y avait pas de tee-shirt spécial pour le vainqueur, qui termina tellement loin devant les autres que seule une poignée d'entre eux le virent durant la course... et aucun n'était assez près (...), sur les trois derniers kilomètres, pour voir comment court un véritable vainqueur.


Merci HST.


Merci pour m'avoir fait découvrir la littérature américaine et le journalisme gonzo.

Merci pour ta liberté de réflexion, de parole et d'écriture.

Merci pour ton mode de vie pleinement assumé et tes délires géniaux.

Merci pour tous les putains de bouquins que tu nous laisses en héritage.


Repose en paix, l'ami.



©️AntoineAu-Job




 
 
 

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