GR©20 en 5 jours - Compte rendu
- Antoine Au-Job
- 3 août
- 25 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 oct.
Fastpacking en semi-autonomie (self-supported style)
GR©20, Fra Li Monti - Parc naturel régional de Corse
Calenzana (Haute-Corse) > Conca (Corse-du-Sud)
200km, 13200m d+, 5 jours
Du 16 au 20/07/2025
En savoir plus sur le GR©20 :
"Considéré comme le plus difficile des GR® français voire d’Europe, le GR©20 doit être abordé comme un itinéraire à caractère alpin prononcé. Il demande donc une excellente condition physique, une préparation et un équipement adaptés : le parcours grimpe souvent à 2.000 mètres d’altitude, compte des dénivelés importants et emprunte des passages délicats. S’il se mérite, c’est sans doute parce que, de Calenzana au nord à Conca au sud, il offre un véritable voyage initiatique au coeur d’un monde à la beauté sauvage. Faune, flore, minéraux : la nature est préservée, elle dispense parfums et panoramas à couper le souffle."
Mardi 15 juillet
Il est 05h30 du matin quand mon covoiturage part de Clermont-Ferrand et prend la direction de Sète. Cinq heures plus tard, je suis en train de déguster un sandwich dans la forêt des Pierres Blanches, qui jouxte le mont Saint-Clair, en admirant la vue sur la ville et l'archipel du Thau. Mon ferry ne part pas avant 17h, j'ai donc tout le loisir de faire une sieste à l'ombre des pins et des cèdres, me laissant bercer au chant des cigales. À l'heure dite, je rejoins la chaleur et le tumulte du port. Un sac minimaliste, pas de voiture. L'embarcation est rapide et efficace. On m'installe dans une cabine. Deux lits, une douche, un lavabo, des toilettes. C'était parfait. Maintenant que je suis ici, me dis-je, je suis tranquille jusqu'au lendemain matin.
L'arrivée à l'Ile-Rousse, sur l'île de Beauté, est prévue à 06h30. La mer est calme, les prévisions météo pour la semaine sont correctes. Le risque d'incendie est encore élevé sur l'île - mais il n'y a pas eu, à ma connaissance, de feu de déclarer depuis deux jours et tous les massifs sont désormais ouverts. Les feux sont aux verts, sans mauvais jeux de mots. Reste qu'à profiter du confort de ma cabine pour me reposer. Le calme avant la tempête. Car dès demain, je le sais, les choses sérieuses commencerons.
Cela fait maintenant un an que je prépare cette aventure : je connais le parcours, les cartes presque par coeur ; les découpages "jour par jour" ont été faits de manière méthodique et équilibrée ; le matériel a été testé et approuvé ; le plan nutritionnel est en place ; l'entraînement global a été correct malgré quelques aléas ; l'adaptation du corps aux chaleurs caniculaires a pu être faite dans les semaines qui précèdes malgré une fin de blessure lancinante à la cheville gauche. Dans la cabine, je fais le check de mon matériel pour le lendemain. Je relis mes notes, les dernières instructions, les derniers rappels.

Le GR©20 est un sentier de Grande Randonnée qui traverse la Corse par les montagnes, en suivant au plus près la ligne de partage des eaux. Dans le sens classique (du nord au sud), Il fait environ 200km pour un dénivelé de plus de 13000m ; ce qui est déjà un défi en soi. Cependant, malgré son nom, le GR©20 ne doit pas être considéré comme un chemin de randonnée dit « classique ». Il se caractérise par un environnement très minéral et chaotique avec de nombreux passages rocailleux, des dalles rocheuses glissantes, des pierriers ainsi que des couloirs escarpés qui demandent de la vigilance. Il n’est d’ailleurs pas rare de devoir s’aider des mains pour grimper ou descendre certaines sections, parfois équipées de chaînes ou de câbles pour sécuriser le passage. Sur l’ensemble de l’itinéraire, c’est sa partie nord (entre Calenzana et Vizzavone) qui est réputée pour être la plus rude et technique. Une autre spécificité de ce GR est une météo imprévisible. Du fait de sa position géographique, entre mer et montagne, des courants d'airs et atmosphériques spécifiques peuvent entraîner des variations brutales de température, des orages violents, du brouillard soudain et parfois même de la neige en altitude (y compris en été) alors même que les températures peuvent être caniculaire, la chaleur intense, sur le reste de l'itinéraire.
Ce GR se parcourt habituellement en 16 jours pour des randonneurs expérimentés, en général en groupe. On estime le taux d'abandon à environ 50%.
Je regarde par le hublot, le bleue de la mer se dégage du bleu de l'horizon, tout en nuance. Je n'entend plus d'oiseaux marins, nous devons être loin des côtes désormais. Tout est calme, apaisé. Je me remémore une dernière fois le plan : faire ce GR©20 en seulement 5 jours, en solitaire et en semi-autonomie. Le contrat est simple.
Je referme mes notes et m'endors au rythme lancinant des vagues de la mer Méditerranée.
Jour 1 : Calenzana > Refuge d'Ascu Stagnu
Via refuge de l'Ortu di u Piobbu et refuge de Carrozu
Mercredi 16 juillet - Haute-Corse

Le ferry accoste au port de l'Île Rousse à l'heure prévue, soit 06h30, mais ce n'est que le début d'un long processus. Le débarquement durera plus d'une heure. Le temps nécessaire pour faire débarquer le millier de passagers et leurs véhicules. "Cette fois-ci, la saison est belle et bien lancée" lance un matelot à un de ces collègues. C'était clair, les touristes ont débarqués en masse aujourd'hui, emmenant avec eux leur argent et toutes sortes de problèmes. Dieu merci, je ne suis pas ici pour faire le pigeon sur les plages de sable fin "made in Corsica". L'idée est toujours de traverser à pied cette île - du nord au sud - par les montagnes. Et je suis déjà en retard sur mes prévisions. Mon taxi m'attend devant le port. Nous filons directement vers le lieu du départ du GR, à 30min de là.
Calenzana est un village de 2500 habitants niché au pied du Monte Grosso, le plus septentrional des sommets de haute montagne Corse. Il est le point de départ de nombreux chemins de randonnée - dont le Mare e Monti et le Sentier de la transhumance - mais est surtout connu pour être le village de départ officiel du GR©20.
Ce matin-là, il est aux alentours de 08h00 lorsque j'allume ma balise GPS et lance la première étape sur ma montre. J'avais pris le soin, un peu avant, en arrivant sur place, de prendre un sandwich à la boulangerie du coin. Cela fera office de petit-déjeuner que je dégusterai en marchant sur les premiers kilomètres. En effet, il ne faut pas traîner. Il est à peine 08h du matin et les températures avoisinent déjà les 25°C. Le panneau indiquant le départ est franchi, j'aborde la première côte tranquillement en mangeant mon sandwich. La pente est régulière, il fait chaud, je rentre tout doucement dans l'ambiance si particulière de ce GR. Les jambes répondent bien, l'esprit est prêt à en découdre. Les paysages commencent à évoluer, d'une zone de moyenne montagne - encore verte et boisée - à un environnement de plus en plus minéral en fonction de l'altitude. Quoi qu'il en soit, les premiers kilomètres passent très vite et j'arrive bientôt au premier lieu de ravitaillement.
Le refuge de l'Ortu di u Piobbu est un endroit tout à fait charmant implanté après le Capu Ghiovu, sur les flancs du Capo al Dente et du Monte Corona. En arrivant, je suis surpris par l'étendu du site : des tentes un peu partout, plusieurs bâtiments dispersés de-ci de-là - chacun ayant une fonction bien distincte - et une multitude de panneaux pour s'orienter dans ce dédale. Je m'arrête à une guinguette surplombée d'un écriteau "bar/restauration" et commande un coca suivi d'une omelette. Je mange très vite en écoutant un groupe de jeunes filles raconter - de manière ostentatoire - leur journée de marche au barman. Dieu merci, je ne vais pas rester ici bien longtemps. Une fois ma pitance avalé, je file à la source faire le plein d'eau, remplir mes flasques.
De là, deux options se présentent à moi pour rejoindre le refuge de Carrozu (mon second lieu de ravitaillement). Option 1 : le trajet classique par les crêtes via la Bocca Piccaia et la Bocca di Pisciaghja. Option 2 : la variante par la vallée avec un "down and up" au coeur du cirque de Bonifatu. L'option 1 est plus courte niveau kilométrage et moins onéreuse en dénivelé, mais elle est beaucoup plus technique et surtout en plein soleil. L'option 2 est donc plus longue avec un dénivelé plus important, mais plus rapide en terme de temps (puisque moins technique) et surtout presque complètement abritée au sein de la forêt. La situation est la suivante, j'ai déjà une bonne heure de retard sur mes prévisions du fait du retard lors du débarquement du ferry le matin même. Il est presque midi et la chaleur arrive à son maximum, l'après-midi va être caniculaire. Il y a moins d'une semaine, le massif de Bonifatu était fermé pour cause de risque trop élevé d'incendie... par chance il est ouvert cette semaine, ce qui me laisse une fenêtre pour tenter le coup. In fine, si je prend l'option 2, celle de la variante, je gagnerai environ deux heures et retomberai sur mes pieds - retomberai bon sur mon timing prévisionnel - au prochain refuge. En plus de ça, je commence vraiment à avoir chaud et l'idée d'être à l'ombre dans la forêt me plait beaucoup. Deal !
J'enfonce mes flasques au fond du sac et me dirige vers la vallée, le cirque de Bonifatu. Une longue descente puis une remontée tout aussi longue pour atteindre Carrozu. Dans la montée, un homme titube, tétanisé par l'inclinaison de la pente. En m'entendant derrière lui, il s'arrête complètement puis s'écarte pour me laisser passer.
"- Ça va ? que je lui dis.
- Bof, j'ai des crampes partout...
- Tu veux une capsule de sel ?
- Oh oui, si tu as, je veux bien... merci.... il fallait y penser...!"
En effet, il aurait dû y penser. Mais maintenant c'est trop tard et il lui faudra sans doute plusieurs jours pour récupérer pleinement. Je lui donne deux capsules qui l'aideront à finir la montée. Le refuge est juste au-dessus, il pourra s'y reposer autant qu'il veut. Je lui souhaite bon courage et continue mon chemin.
Peu après, j'arrive au bout de cette longue montée et me présente en parfaite condition physique devant l'entrée du refuge de Carrozu. Je prend un coca et pars remplir mes flasques au point d'eau. La dernière section de la journée va être la plus difficile, la plus technique. Après avoir franchi la passerelle de Spasimata, je remonte les gorges de la Muvrella en me frayant un chemin sur les dalles rocheuses inclinées, polis par l'érosion et le temps. Une fois cette longue montée - jusqu'à la Bocca di Stagnu - franchit, je bascule vers Asco dans une descente extrêmement raide et technique. Après plusieurs heures d'effort, j'arrive vers 18h30 au refuge. Le deuxième service, pour le repas du soir, sera servi à 19h30. Ouf, je suis dans les temps. Je m'installe dans ma chambre en compagnie de deux autres personnes. Le repas est servi à l'heure, entrée-plat-fromage. Que demande le peuple ! Je me lave, prend une douche. Aucun bobo, aucune douleur, aucun problème physique. Je prépare mon sac et mes affaires pour le lendemain, car la journée promet d'être très longue...
Jour 2 : Refuge d'Ascu Stagnu > Refuge de Manganu
Via refuge de Tighiettu et refuge de Ciottulu di i Mori
Jeudi 17 juillet - Haute-Corse

Réveil à 03h du matin. Derniers préparatifs, frontales vissées sur le front. J'allume ma balise et lance le parcours du jour sur la montre. L'idée est de franchir le monte Cinto avant le levé du soleil. Plus haut sommet de Corse culminant à 2706m, il est la plus haute cime d'un contrefort délimitant les vallées de l'Asco et du Golo. Il domine directement le lac du Cinto et le lac d'Argento. L'ascension est longue, fatigante, parfois périlleuse voire dangereuse ; se faisant sur des parties techniques et assez raide (1000m d+ sur 5km), le tout dans un environnement ultra minéral composé de pierriers de différentes tailles et, évidemment, pas toujours très stables. Ici, il n'y a pas le droit à l'erreur. La moindre faute d'inattention est payée cash. Rester concentré au maximum ; surtout dans ces passages qui se rapprochent plus de l'escalade que de la randonnée pédestre. Accroché à flanc de falaise à des failles dans la roche, sans autres éléments de sécurité que - parfois - des câbles, des chaînes en acier, plantés de-ci de-là dans la pente - je m'efforce de suivre, plus ou moins, le ruisseau de Tighiettu jusqu'à la Bocca Borba.
De là, la pente se raidit encore fortement pour, enfin, atteindre la Pointe des Éboulis. Cette dernière porte très bien son nom puisqu'en effet, il s'agit du sommet de cet immense tas de cailloux à l'équilibre précaire. Pas la peine de préciser, qu'à ce stade, le terrain est particulièrement caillouteux et accidenté.
Mais c'est bien ici que la bascule s'opère. Au sommet, Dieu merci, le temps est clair, la température parfaite. Vue à 360° sur les plus hauts sommets de l'île et les massifs environnants. Profiter au max avant de repartir.
Direction la Bocca Crucetta puis la descente pour atteindre, enfin, le refuge de Tighiettu. Arrêt au stand : remplissage des flasques et dégustation d'une conserve de thon à la niçoise trouvée à l'épicerie. Je ne traîne pas, le chemin est encore long. La route serpente au coeur des montagnes du massif du Cinto. Je remonte le ruisseau de Foggiale sur un sentier à flanc de paroi ; au fur et à mesure, l'ascension devient plus technique pour, enfin, aboutir à la Bocca di Foggiale - située entre la Punta di Tula et le Paglia Orba. Une dernière montée, beaucoup plus douce, puis un sentier en balcon m'emmène finalement vers mon dernier lieu de ravitaillement du jour.

Le refuge de Ciottulu di i Mori est un petit paradis. Il est implanté en contrebas du col des Maures (2155m) - entre les monts Capu Tafunatu et Paglia Orba - et surplombe la haute vallée du fleuve Golo. Il bénéficie d'une imposante terrasse, avec une vue imprenable sur la vallée. Je commande le désormais classique Omelette - Coca.
Five minutes later :
"- Antoineeeee Antoineeeee (avec un accent corse, c'est à dire de mafioso, bien marqué).
- Je suis là, que je lui répond.
- Tiens ton omelette (toujours avec cet accent).
- Merci beaucoup !
- Eh tu sais comment on dit "Antoine" en Corse hein ?
- Non.
- On dit Antone, AntOOOOnnnnnnnnne... !
On rigole tout les deux.
- Je suis le gardien de ce refuge, qu'il me dit. Tu sais, ici on est à 1990m, c'est le plus haut refuge de toute la Corse !
- Impressionnant, que je lui répond.
- Tu restes ce soir ou tu continues ?
- Je continue.
- D'accord Antone, bonne route et bon courage pour la suite.
- Merci pour l'accueil et bonne saison."
On se sert la main et je file remplir mes flasques à la source. La route est encore longue, et je ne dois pas m'éterniser, mais pour la première fois de cette aventure, je me sens ici comme chez moi - en tout cas je me sens dans un endroit où j'aurai aimé rester plus longtemps. Non pas parce que je suis fatigué mais parce que c'est un endroit qui me plait. Calme, verdoyant, ressourçant. Cet endroit me rappelle beaucoup ce refuge (Azib Tamsoult) que j'avais découvert dans le Haut Atlas marocain (cf. Ascension du Toubkal et trek dans le Haut Atlas marocain). Un jour, si je reviens dans le coin, pour sûr que je prendrai quelques jours pour profiter du gîte et explorer plus en profondeur les sentiers et les merveilles locales. Mais pour l'heure, le temps file et je dois me remettre en route.
L'après-midi est désormais bien entamée et je n'ai fait que 16km... mais c'est ok, c'était le plan. Je savais que cette partie du GR était la plus rude techniquement et donc la plus chronophage. Une fois passé Ciottulu di i Mori, la dernière partie de la journée devrait être plus roulante... Longue, une des sections les plus longues du GR - environ 24km - mais beaucoup plus facile techniquement. Je me met en route, cap plein sud. Une fois la réserve biologique de Valduniellu franchit, le paysage défile inlassablement. Le col de Vergio, puis la crête de Scupertu avec la Bocca a Manuella et le Capu a Rughia, sont avalés à un bon rythme. À partir du col de Saint-Pierre, le sentier s'élève de nouveau de manière significatif. L'ascension se fait en balcon - puis suit la ligne de crête entre le mont U Tritore et le Capu a u Tuzzu - jusqu'à déboucher à la Bocca a Reta, point de bascule vers le lac de Nino et sa vallée.
Je regarde ma montre ; le timing va être serré. La dernière partie de cette section, d'environ 6km, est bien roulante mais je commence à fatiguer des efforts consentis durant la journée et je n'avance pas aussi vite que je le voudrais. C'est inévitable, je vais devoir ressortir ma frontale avant d'arriver. Un dernier effort me permet d'atteindre mon lieu de villégiature aux alentours de 20h30.
Le refuge de Manganu se situe aux pieds de la Punta di l'Arinella et du Capo ai Sorbi, et à cette heure-là il n'y a plus rien à manger en cuisine. Je me retrouve à l'épicerie pour acheter la fameuse conserve de thon à la niçoise. Fois trois, parce qu'il ne faut pas déconner non plus. La journée a été particulièrement longue et coûteuse en énergie, et je sais parfaitement que ces trois boîtes de thons ne suffiront pas à couvrir toutes mes dépenses énergétiques. Quoiqu'il en soit, je n'ai pas le choix pour l'instant, et je dois faire avec. Je pars me laver puis m'installe, bon an mal an, au milieu d'un dortoir suroccupé. Il est presque 23h et tout le monde dort déjà, confer les multiples bruits de ronflements. Je sais d'emblée que je ne vais pas bien dormir, mais c'est le jeu. Je cale mes affaires comme je peux et essaie de me reposer quelques heures avant de repartir.
Jour 3 : Refuge de Manganu > Vizzavone
Via refuge de Petra Piana et refuge de l'Onda
Vendredi 18 juillet - Haute-Corse


Il est aux alentours de 04h du matin lorsque je décide de quitter le refuge. La nuit n'a pas été très bonne mais les quelques heures de repos ont fait du bien.
À peine sorti de Manganu, les choses sérieuses commencent. Pas le temps de niaiser, la section est connu pour être particulièrement technique, alpine, dès le départ.
600m de d+ sur moins de 3km est un excellent pourcentage pour un réveil musculaire en douceur, de bon matin, afin d'atteindre la Bocca alle Porte puis la Brèche de Capitello. Le soleil se lève à ce moment là et laisse apparaitre les lacs de Mélo et de Capitello en contre-bas.
Les fameuses balises - blanche et rouge - suivent alors les crêtes avec des passages toujours assez engagés et parfois munis d'aménagements, comme des chaînes en acier, pour aider à avancer. Un sentier en zigzag assez serrés conduit ensuite au col de Rinoso (2170m) puis à la Punta Muzzela. De là, une énième descente interminable dans un pierrier nous emmène, à mi-pente, au refuge de Petra Piana.
Dieu merci, ce refuge est particulièrement bien équipé. Depuis le début de la journée, je subis, je suis en train de me faire bouffer par ce GR. Manque de calorie, manque de sommeil ; j'ai besoin d'un vrai ravitaillement et ce refuge tombe à pic. Le menu disponible : omelette - frite - coca. Bingo. Donnez-moi la totale s'il vous plait.
Je m'arrête une bonne heure pour prendre le temps de manger, de récupérer un peu, puis de remplir mes flasques à la source. Je quitte Petra Piana revigoré et motivé pour la suite.

De là, une longue descente s'amorce dans la vallée du Manganello, le long du ruisseau du même nom, pour atteindre la forêt de Vivario. Le coin est ombragé, sympa, parsemé de nombreux trous d'eau pour se baigner. Je n'ai pas le temps de m'arrêter mais je note pour une prochaine fois...
Après avoir franchi la passerelle de Tolla, une montée de 3km nous emmène directement jusqu'au second lieu de ravitaillement de la journée.
Le refuge de l'Onda se situe à 1430m d'altitude, au pied de la pointe Muratello. D'ici, il ne reste que 10km pour atteindre Vizzavone. On est en milieu d'après-midi et je suis assez confiant pour la suite. Cependant, des détails commencent à m'alerter.
Premièrement, lorsqu'une section est aussi courte, niveau kilométrage, c'est qu'il y a de grande chance qu'elle soit extrêmement technique et donc hyper chronophage - en gros, qu'il y ait anguille sous roche. Deuxièmement, en allant chercher un coca et une bouteille d'eau gazeuse à l'épicerie, j'ai pu converser un petit peu avec le gardien : il me demande ce que je veux faire, je lui répond que je vais jusqu'à Vizzavone et lui pose la question de la difficulté de la section qui arrive. Il me dit que l'étape est dure et qu'il ne faut pas se fier au kilométrage. J'approuve évidemment et lui demande combien de temps prend généralement la descente entre la pointe Muratello et Vizzavone. "Plusieurs heures" qu'il me répond, "c'est la descente la plus dure de tout le GR". LA descente la plus dure de TOUT le GR, qu'il me dit. Dans ma tête je me dis, c'est pas possible, ça ne peut pas être plus dur que la descente vers Asco ou que la descente vers Petra Piana. IMPOSSIBLE. Il doit en rajouter, que je me dis. Elle doit être dure, certe, mais comme toutes les descentes de ce GR, je ne vois pas comment ça pourrait être plus dur... Sur ce, je remplis mes flasques puis commence la montée vers la pointe Muratello. En partant, j'entend "bon courage !", de la part du gardien. Je le salue de la tête puis entame l'ascension.
700m de d+ sur moins de 3km est une excellente façon de terminer une journée un peu sportive sous un soleil de plomb. À mi-pente, je double un randonneur complètement lunaire ; le gars était en tong, les pieds en sang.
"- Comment ça va, que je lui dis, en regardant ses pieds.
- J'ai des problèmes de frottements avec les chaussures, du coup je les ai enlevé pour laisser respirer mes pieds et j'avance bien comme ça, j'ai l'habitude d'être en tong quand je suis chez moi donc ça va..."
OK guy, c'est logique, tout va bien... Pas la peine de déblatérer des heures avec ce genre de personnage. Il va sûrement rester bloquer dans les parties plus techniques, sur les crêtes, et le PGHM sera obligé d'intervenir. Une journée normale sur le GR©20 en somme.
Quoiqu'il en soit, le temps file comme l'éclair : on est déjà en fin d'après-midi. Je continue d'envoyer sec dans la montée, je ne veux pas me retrouver encore de nuit, à sortir la frontale après une journée harassante. Je finis par passer la pointe Muratello, à 2150m d'altitude, file ensuite sur les crêtes puis entame la descente extrêmement technique vers Vizzavone à travers les éboulis et les falaise de la vallée de l'Agnone. Car oui, effectivement, se fût la descente la plus longue, la plus technique, la plus chiante, de tout ce putain de GR. Après plusieurs heures d'effort, je rentre dans une forêt sur un sentier jonché de racines et de cailloux de toutes tailles. Ça ne finira donc jamais, que je me dis. Je passe les nombreux trous d'eau puis la fameuse cascade des Anglais ; le soleil commence à se coucher. Ça doit, quand même, être un chouette coin ici, pour les vacances, que je me dis. Il me faudra encore une bonne heure pour atteindre Vizzavone et mon logis pour la nuit.
Dieu merci - dans un éclair de lucidité lorsque j'ai tracé mon parcours, décidé des lieux d'étapes et de mes points de ravitaillements - j'ai pris une réservation dans un hôtel à Vizzavone et non pas dans un refuge. Cela me permet d'être certain d'avoir un vrai repas ce soir, peu importe l'heure à laquelle j'arrive. Aussi, de pouvoir dormir dans une chambre, dans un vrai lit, pour me reposer le mieux possible. Et de pouvoir prendre une vraie douche, avec de l'eau bien chaude. Ce n'est finalement pas du luxe, tout cela est bien nécessaire à ce stade. J'arrive à l'hôtel "Le Vizzavona" à la tombée de la nuit. L'accueil, le souper, le gîte, tout est parfait. Je m'endors serein. Je viens de traverser intégralement la partie nord du GR en trois jours, alors qu'il en faut neuf habituellement.
Jour 4 : Vizzavone > Refuge d'Usciolu
Via refuge d'E Capanelle et refuge de Prati
Samedi 19 juillet - Corse-du-Sud

Comme d'habitude, il est aux alentours de 04h du matin lorsque je quitte l'hôtel. Je me sens en pleine forme, revigoré par un vrai repas et une bonne nuit de sommeil. Le sentier s'élève peu à peu, de la forêt de Vizzavone jusqu'à la Bocca Palmente. Les chemins sont roulants, les jambes répondent parfaitement. La trace continue en balcon, sous la Punta di Zorpi et la Punta dell' Oriente, puis traverse la crête de Chufidu. Le soleil vient de se lever, il est à peu près 07h30 lorsque j'arrive à mon premier point de ravitaillement, totalement frais et alerte.
Le refuge d'E Capanelle ne ressemble pas aux autres refuges. Situé au pied du Monte Renosu, il est accessible par la route (une vraie route, un axe routier) et dispose donc de tout le confort moderne. Le bâtiment, tout en pierres de taille, sert de base l'hiver au domaine skiable adjacent. Mais pour l'heure j'ai une petite faim, et je m'envoie le désormais classique thon à la niçoise accompagné pour l'occasion d'une boîte de sardine. Le temps de recharger les flasques à la source, je repars direction le plateau de Gialgone.
Le sentier est agréable, circulant plus ou moins dans un sous-bois jonché de petits ruisseaux. Une fois franchi la passerelle de Marmanu, je longe le ruisseau de Taravo pour atteindre le col de Verde et sa fontaine. D'ici, il ne reste que 5km (et 800m d+) pour atteindre mon prochain lieu de ravitaillement. J'ai encore deux flasques pleines (une de 500ml et une de 600ml) sur les quatre en ma possession. Question : est-ce que je fais le plein d'eau ici ? Sachant que cela me rajoutera indubitablement du poids pour la montée qui arrive. Ou est-ce que je pars sans eaux supplémentaires sachant qu'après vérification dans le topo guide, il y a encore une multitude de ruisseau dans cette montée menant à Prati. Si je suis en manque d'eau, je n'aurai qu'à filtrer l'eau des ruisseau et basta, me dis-je. J'entame donc l'ascension sans poids supplémentaire et assez serein.
Mais je vais vite déchanter. Tout d'abord, la montée est beaucoup plus raide, difficile, que ce que j'avais imaginé. Ensuite, curieusement, tous les ruisseaux ici sont à secs, TOUS. Alors que depuis le début de cette section, il y a des ruisseaux qui coulent de partout, ici plus rien, tout est à sec. Je me retrouve donc vite à devoir rationner strictement mon eau. En somme, boire le minimum pour éviter le coup de chaleur. Mais cela ne suffit pas et je me retrouve finalement, au 3/4 de la montée, sans une goutte d'eau à me mettre dans le gosier. Et il me reste encore une dernière section en plein soleil à grimper pour atteindre la Bocca d'Oru et basculer vers Prati. J'économise mes forces au maximum afin de ne pas perdre trop de minéraux. J'arrive finalement au refuge, soulagé. Il ne fallait pas qu'il soit plus loin. Je bois un litre d'eau immédiatement puis commande le classique thon à la niçoise (fois deux). Plus coca et eau gazeuse.
En allant recharger mes flasques à la source, je me fais interpeller :
"- Salut toi, tu doubles aujourd'hui ? C'était une jeune randonneuse.
- Non, je triple, je vais à Usciolu, que je lui répond.
- Oh c'est vrai ? Ça doit être dur ! Tu nous as doublé à fond tout à l'heure avant d'arriver au refuge...
Je ne m'en souvenais pas, j'était tellement concentré pour arriver à Prati, trouver de l'eau, que j'ai fait abstraction de tout ce qui m'entourait. Comme je ne répondais pas, occupé à remplir mes flasques, elle continua :
- Comment tu trouves le GR20 ?
- Exigeant, brut, sans concession ni demi-mesure... le nord c'est bien passé pour toi ?
- Oui c'était dur... et toi le nord c'est bien passé ?
- Oui... je dois y aller maintenant.
- Bon courage..."
C'est comme ça que je quitte Pratti, en emportant toute l'eau dont j'ai besoin. Cette dernière section est très montagneuse, rien à voir avec les larges pistes forestières du col de Verde. La trace suit les crêtes, direction plein sud, entre la Punta della Capella (2041m) et la Punta di Campitellu ; puis redescend dans les éboulis pour atteindre la Bocca di Laparo. Le temps est idéal et je suis dans le bon timing. Je ne veux surtout pas prendre de retard et me retrouver, une nouvelle fois, à rater le repas du soir - en somme, éviter ma mésaventure du jour 2. L'objectif est d'arriver avant 18h. La fin d'étape va être sportive et j'accélère le plus possible pour prendre de l'avance.
Par chance, aujourd'hui je me sens bien et les jambes répondent parfaitement. Une dernière montée raide (300m d+ sur 3km) permet d'atteindre la Bocca di Furmicula (1920m) et la crête d'Acqua d'Acelli. Dans la légère descente - toujours dans les éboulis - menant au refuge, je trottine en regardant ma montre. Obsédé par le temps, je ne veux surtout pas arriver en retard au souper, c'est une question de survie. J'atteins mon objectif - la cabane du gardien d'Usciolu - à 17h45, après une nouvelle journée harassante.
"- Aaaaaah, ça fait plaisir de voir quelqu'un qui souris enfin ! qu'il me dit. Il y a pleins de gens qui arrivent, ils tirent la gueule...
- C'est parce que je suis bien content d'être arrivé...! J'ai une réservation pour ce soir et j'aimerai prendre un ticket pour souper aussi.
- Pour la réservation c'est bon et pour manger ce soir, va vite voir avec la cuisine là-bas, ils prennent les réservations jusqu'à 18h !
- Parfait merci."
Après m'être installé dans le dortoir, avoir mangé un grand plat de pâtes et avoir pris une douche, il est aux alentours de 19h30 lorsque le temps se met à tourner d'un coup. Chute brutale des températures, du vent, de la pluie. Je me mets à l'abris, bien content d'être arrivé assez tôt aujourd'hui. Je check la météo grâce à la balise, le temps devrait s'améliorer vers 23h et la journée de demain s'annonce bonne. Je ne change pas mes plans : demain, levé à 03h du matin pour en finir avec ce GR.
Jour 5 : Refuge d'Usciolu > Conca
Via refuge de Matalza, refuge d'Asinau et refuge d'I Paliri
Dimanche 20 juillet - Corse-du-Sud

Je check directement la météo au réveil. Je regarde dehors, il y a un peu de vent mais tout est calme. La balise me confirme les informations d'hier, le temps devrait être bon. Il est aux alentours de 03h30 lorsque je lance le parcours de la dernière journée sur ma montre. Départ du refuge, direction la Bocca di l'Usciolu pour longer l'impressionnante arrête de l'A Monda. Techniquement, l'arrête fait entre 3 et 4km et passe successivement par la Punta de l'Usciolu, la Punta Scaddatta (1834m) et la Bocca di l'Agnone. L'idée est de traverser cette chaîne, considéré comme un passage délicat du GR (passage vertigineux, sentier difficile), avant le levé du soleil. Cependant, tout ne s'est pas déroulé exactement comme prévu. Récit :
« J’étais sur les crêtes après Usciolu à 04h du matin… le temps s’est mis à changer d’un coup… du vent, de la brume… il faisait nuit noire, le faisceau lumineux de ma frontale se reflétait dans le brouillard, je ne voyais plus rien. Impossible de voir à plus de 2m devant moi, de trouver ce putain de marquage blanc et rouge. J’étais là, coincé sur les crêtes, perdu en pleine tempête avec aucun abris pour me protéger. Mais qu’est-ce que je fous là ? J’aurai dû au moins attendre le levé du jour pour quitter ce fichu refuge… Tout d’un coup, j’entend de la musique derrière d’immense blocs de pierre, ça se rapproche…
"- Et toi, c’est par là le chemin !"
Je me retourne, je ne vois qu’une sorte d’ombre noire filant entre les blocs. Le temps d’aller à son niveau, l’ombre avait déjà disparu. Mais le marquage était bien là. Là où il me l’avait indiqué.
Je ne sais pas qui était cette ombre filante sur ces putains de crêtes après Usciolu. Je l’ai simplement appelé "le fantôme". Et je crois bien, que ce jour là, il m’a sauvé la vie. »
J'arrive finalement à la Bocca di l'Agnone et bascule vers la forêt ; bien content d'être sorti de ce traquenard sans dégâts physiques. En descendant vers le plateau, le brouillard se dissipa peu à peu et le soleil se leva enfin. La suite de la journée devrait être plus roulante. Longue mais beaucoup moins technique. Le plus dur est passé, maintenant il faut tenir le rythme pour arriver jusqu'au bout. D'abord suivre le ruisseau de Padulelli jusqu'au croisement du ruisseau de Partuso. Longer ensuite le ruisseau de Veracolongu et bifurquer vers l'ouest pour atteindre les bergeries de Bassetta. Prendre ensuite la direction sud-est pour atteindre le plateau de Cusciunu et le refuge de Matalza.
Premier arrêt ravitaillement de la journée. On reste sur le classique thon à la niçoise (fois deux). Puis, remplissage des flasques à la source et s'est reparti.
Après avoir traversé le magnifique plateau de Cusciunu et croisé une ribambelle d'animaux en liberté (chèvres, cochons, vaches), le sentier se redirige peu à peu vers la Haute-Montagne. D'abord, la montée de la Punta di Tozzarella en suivant la crête jusqu'à la Bocca di Chiralba. Atteindre ensuite la Bocca Scazzunara à plus de 2000m d'altitude, au pied du Monte Incudine (2134m) - le plus haut sommet de Corse-du-Sud - avant de basculer vers mon second lieu de ravitaillement du jour, le refuge d'Asinau.
Dans la descente, je croise Gregory Camerlo et son équipe de pacer. Le bougre réussira l'exploit de boucler l'aller-retour du GR (le tracé passant par l'ancien GR - le cirque de la Solitude - soit un total de 360km et 25000m d+) en 112h et 27min, signant au passage un nouveau record avec assistance sur ce parcours.
Arrivé à Asinau - entre le Monte Incudine et la Punta di u Furnellu - j'ai grand faim. Ça sera salade de riz maison. Une fois le ventre bien rempli, je file directement remplir les flasques à la source puis repars dans la foulée. Descendre, direction plein sud, pour atteindre la crête de Castellucciu et la vallée de Pineta. Arriver au ravin des Fourches d'Asinao et profiter de la vue sur un panel de points remarquables : la Punta di Maro, la Punta Lolla, la Bocca di u Santu, la Punta Alta, la Punta Longa.
On est déjà en plein après-midi, il fait maintenant très chaud et mes réserves en eau commencent à baisser dangereusement. Continuer en passant par le ravin de Pargulu et la vallée d'Arbosa ; et admirer la Punta di a Vacca, la Punta di l'Arghettu, la Punta di l'Acellu et, bien sûr, les Aiguilles de Bavella. D'ici, le sentier commence à remonter en altitude pour atteindre le col de Bavella.
Changement radical de décor au col, il y a une route ! Qui dit route dit touristes, voitures et camping-cars à gogo... à mon grand dam ainsi qu'à celui de Notre Dame des Neiges, sainte patronne de Bavella dont la statue est érigée sur un parking au bord de la D268. Cependant, qui dit foule dit restaurant, et possibilité de se ravitailler en eau. En passant, je vois qu'ils servent encore à manger, je m'arrête donc et commande un grand plat de pâtes à la carbonara. Un délice, ce restaurant tombe finalement à pic ! J'en profite pour remplir mes flasques et repars en direction d'I Paliri.
À partir d'ici, et jusqu'à Conca, le GR propose un tout nouveau décor. Le sentier n'est plus aussi difficile, les pistes sont plus larges mais cela n'enlève en rien à la beauté des lieux : végétation dense, forêt de résineux et roches majestueuses s'associent pour offrir un décor de carte postale à l'ambiance "Jurassic Park". Bien requinqué après le restaurant, j'arrive assez vite au refuge. Je prend le temps de remplir une dernière fois mes flasques et repars immédiatement en direction de Conca.
Nous sommes en fin d'après-midi et j'entame la dernière section de la journée - et donc de ce GR. Il me reste environ 14km à faire et je veux en profiter au maximum. La trace nous fait longer de nombreux points remarquables : la Punta di l'Anima Damnata, le Furcone di i Paliri, le Monte di Bracciutu, le Monte Braccuitu, la Punta di Monte Sordu.
Au fur et à mesure que j'avance, le soleil descend petit à petit dans le ciel. Les derniers kilomètres sont interminables. Il y a toujours un petit coup de cul, une petite montée, une petite difficulté à franchir ; ce qui donne le sentiment de ne jamais arriver au bout. J'entame, finalement, après plusieurs heures d'effort, la dernière descente vers Conca. Je suis obligé de ressortir la frontale. La visibilité n'est pas suffisante dans la forêt et la nuit arrive vite. Encore quelques kilomètres et ça sera la fin de cette aventure...
J'arrive devant la pancarte symbolisant la fin du GR - placardée sur la façade du bar du "Soleil levant"- vers 22h.
Je viens de finir le GR©20 en solitaire, en 5 jours et en semi-autonomie. Le contrat est rempli.
Lundi 21 juillet
Après une grosse nuit de sommeil, une douche chaude et un bon repas à l'hôtel San Pasquale, me voilà reparti devant le bar du "Soleil levant" pour prendre la navette direction Porto-Vecchio. De là, une autre navette m'attend pour l'aéroport de Figari. J'arrive en avance à l'aéroport pour finalement apprendre que mon vol aurait peut-être du retard. J'atterris finalement à Lyon avec 2h de retard... et rate pour quelques minutes mon bus pour Clermont-Ferrand. Je trouve un taxi afin qu'il m'emmène en urgence à Perrache, où un autre bus pour Clermont et censé partir - dans 30min. Autant dire que le trajet entre l'aéroport et Perrache a été assez sportif. J'arrive à prendre mon bus 2min avant le départ. Finalement, je franchis le palier de mon appartement clermontois vers minuit, complètement exténué.
Ce fût, une nouvelle fois, une aventure enrichissante. Le projet fût parfaitement réussi ; aucune blessure physique ni aucun bobo à signaler. Mais il ne faut pas sous-estimer la chose. Pour remettre dans le contexte, les temps indiqués sur Strava sont les temps "en déplacement". Sachant que ma montre se mettait souvent en pause, toute seule, dans les montées et les descentes raides, techniques - tellement l'allure était faible. En réalité, en comptant les différentes pauses (ravitaillements, etc.), j'ai passé 11h dans la montagne le jour 1, 16h50 le jour 2, 15h30 le jour 3, 14h le jour 4, 18h30 le jour 5. En somme, une préparation physique parfaite est indispensable pour se lancer dans une telle aventure... car en faisant ce GR, j'ai encore trop souvent croisé des personnes mal préparés, se mettant en danger toutes seules. Autre point, j'ai également eu beaucoup de chance avec la météo (de manière générale) et je suis passé à travers les épisodes de feux de forêt. C'était le bon timing.
In fine, ce GR©20 tient bien sa réputation. Exigeant, brut, sans concession ni demi-mesure... mais tellement beau.
Promis, je reviendrai un jour en Corse, mais cette fois-ci, en prenant le temps de profiter de toutes ces belles choses.
©️AntoineAu-Job















































































































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